Le doryphore
Introduction
Le doryphore est un petit insecte de l'ordre des Coléoptères, originaire d'Amérique centrale, maintenant présent dans le monde entier. Il peut causer des problèmes graves dans les zones de production ayant une période de culture chaude, permettant la succession de plusieurs générations de l'insecte au cours de la saison.
Le doryphore se développe principalement sur la pomme de terre mais il peut aussi attaquer d'autres Solanacées cultivées ou sauvages (aubergines, tomates, belladone, morelle ...).
Description morphologique
L'adulte a une longueur d'environ 10 à 12 mm et un aspect plutôt arrondi. Sa partie antérieure (tête et thorax) a une couleur jaune orange avec plusieurs points noirs et les deux ailes durcies (élytres) sont de couleur jaune pâle avec cinq rayures noires sur chaque élytre.
L’adulte pond des œufs de couleur jaune-orangé en amas sur la face inférieure des feuilles.
La larve, qui est légèrement incurvée et de couleur rouge-orangé, porte une double rangée de taches noires sur le côté de l’abdomen.
A la fin de la dernière génération au champ, les larves entrent dans le sol et se transforment en pupes et plus tard en adultes qui peuvent hiverner dans le sol.
Cycle biologique du doryphore
Le climat et en particulier la température est le facteur qui conditionne le plus le développement du doryphore. Ainsi, la durée de leur cycle varie de quatre à six semaines.

Le doryphore possède un cycle biologique simple. Les adultes sortent du sol (hivernation à des profondeurs de 25 à 40 cm dans le sol) au printemps dès que les températures sont suffisantes (température de l’air > 15°C) pendant 2 à 3 jours après une pluie dite « tiède» de 5 à 10 mm d’eau. Lorsqu'ils sortent du sol, ils ne sont pas encore capables de voler. Les adultes se déplacent ensuite à la recherche de pommes de terre (ou d'autres plantes hôtes de la famille des solanacées : aubergine, tomate, poivron, belladone, morelle, avec une nette préférence pour la pomme de terre) pour s'alimenter. Les doryphores ne sont pas des grands voyageurs et s’ils ne trouvent pas de ressources à distance raisonnable de leur point de sortie du sol (entre 500 m et 1 à 2 km), leur survie est compromise. D'où l’utilité de lutter contre toute repousse de pomme de terre, qui peut servir de relais.

Après l’accouplement les femelles pondent leurs œufs par paquets de forme ovale et de couleur orange, disposés verticalement en groupes serrés de 20 à 30 œufs (longs de 1.5 mm) à la face inférieure des feuilles (Jansen, 2019).
Après 4 à 10 jours selon la température ambiante, les œufs éclosent pour donner naissance à des larves, rouge orangé avec une double rangée de taches noires sur le côté de l’abdomen mesurant 1,5 à 2 mm. En une quinzaine de jours, ces larves se nourrissent du feuillage. Elles parviennent à leur développement complet après 3 mues. Puis ces larves descendent dans le sol où elles se nymphosent pendant 8 à 15 jours selon les conditions climatiques.
Elles atteignent la même taille que les adultes en fin de développement. Une à trois générations se succèdent la même année. La durée de vie de l’insecte adulte est de 1 à 2 ans.


Le stade nuisible de l'insecte:
- La larve et l'adulte se nourrissent des feuilles des solanacées (pomme de terre, aubergine, poivron et tomate). Une larve consomme, au cours de son cycle, 35 à 45 cm² de feuilles. C'est le quatrième stade larvaire qui est le plus vorace, occasionnant à lui seul 77% des dégâts. Les adultes dévorent les feuilles dès leur sortie d’hivernation. Ils peuvent consommer 10 cm² de feuilles par jour. Les 1ères pontes ont lieu 1 à 2 jours après.
On observe tous les stades de l’insecte dans une parcelle, car la sortie de l’hivernation est très étalée dans le temps et le cycle est court (5 à 6 semaines). L’adulte a une durée de vie de 1 à 2 ans.
En cas de forte infestation, on peut constater une destruction complète de la végétation, impactant le développement des tubercules pour la pomme de terre jusqu’à 50 % du rendement. A noter que les doryphores se concentrent en foyer plutôt qu'en dispersion sur l'ensemble de la parcelle.
Impacts du changement climatique sur son développement
Des conditions extrêmes (températures anormalement basses ou élevées, précipitations abondantes) peuvent induire des modifications du comportement, avec par exemple des arrêts de développements et/ou une entrée en diapause (arrêt temporaire de développement), voire des mortalités, notamment pour les œufs exposés à des températures élevées et à un air très sec.
Le réchauffement climatique et les degrés supplémentaires induits augmentent la probabilité de voir apparaitre une deuxième voire une troisième génération sur la saison. Et avec elles, le risque plus élevé de voir se développer des populations plus importantes pouvant potentiellement passer l’hiver et faire des dégâts la saison suivante.
Moyens de lutte
Différents moyens de lutte existent contre le doryphore.
Méthodes prophylactiques
Pour réduire les populations d'insectes et les dégâts, il faut en premier lieu mettre en œuvre des mesures préventives. Nématodes, rotation des cultures, plantes répulsives… Pour protéger les cultures contre la voracité du doryphore, une combinaison de mesures s'avère nécessaire. Ces mesures sont présentées dans la fiche 'Lutte alternative contre le doryphore'.
Méthodes curatives
Plusieurs matières actives permettent de lutter contre le doryphore:
- le spinosad: substance active à effet insecticide, sécrétée par la bactérie Saccharopolyspora spinosa, surtout efficace contre les adultes;
- l’azadirachtine : bioinsecticide systémique surtout efficace contre les larves, dont la matière active et extraite du margousier ou neem, un arbre originaire d’Inde;
- les pyréthrines naturelles plus efficaces sur les larves que sur les adultes.
Remerciements à Florine Decruyenaere (CRA-W) et Vincent Berthet (FIWAP) pour la relecture de la fiche.