Lutte alternative contre le doryphore en culture de pomme de terre
- Introduction
- Mesures prophylactiques contre les doryphores
- Méthodes curatives mécaniques
- Méthodes curatives biologiques
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Introduction
Avec des conditions climatiques plus chaudes et sèches, favorables à son développement, le doryphore est en recrudescence ces dernières années, avec des pullulations parfois difficiles à endiguer.
Différentes méthodes de lutte sont testées qui offrent des propositions d'alternatives prometteuses au Spinosad qui, bien qu'autorisé et efficace en agriculture biologique, est toxique pour les pollinisateurs et auxiliaires.
Mesures prophylactiques contre les doryphores
Pour réduire les populations d'insectes et les dégâts, il faut en premier lieu mettre en œuvre des mesures préventives :
- Rotation de culture en implantant la pomme de terre tous les 4 ans pour éliminer les adultes hivernant dans le sol;
- Élimination des repousses et des tas de déchets, où les premiers doryphores dans les cultures se concentrent et s’alimentent;
- Absence de travail du sol en été pour entraver, par le maintien d’une terre dure, la pénétration dans le sol des larves;
- Plantation précoce pour limiter l’infestation car le feuillage plus âgé au moment des attaques sera moins appétant;
- Plantes compagnes, comme le lin, la ciboulette ou l’ail, qui ont un effet répulsif sur le doryphore lorsqu’elles sont associées à la culture de la pomme de terre;
- Cultures piège: en implantant par exemple une variété de pomme de terre plus appréciée par le doryphore, en périphérie de la parcelle, la culture principale est plus épargnée, les insectes se concentrant sur les plants préférés.
Une fois le ravageur installé dans la culture, différentes méthodes de lutte alternatives curatives existent.
Méthodes curatives mécaniques
Par brossage
La lutte mécanique est utilisée contre les larves de doryphore. Le principe est de brosser les plants de pomme de terre pour faire tomber les larves de la plante et de récupérer ces dernières dans un bac pour ensuite pouvoir les détruire.
Deux outils existent :
Le landoryfort conçu par l’Atelier Paysan permet d’enlever les larves de doryphore rang par rang. Cet outil que l’on pousse à la main, brosse le feuillage des plants de pommes de terre grâce à deux balais entraînés par une perceuse. Selon le témoignage d’un maraîcher, cette solution présente une forte contrainte de temps (trois jours pour nettoyer une parcelle de 2 400 m²).
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NomLe LandoryfortSourcehttps://www.latelierpaysan.org/IMG/pdf/landoryfort.pdfCopyrightL'Atelier Paysan©L'Atelier PaysanLe balai à doryphore dont le Colorado Beetle Catcher est un exemple. C'est une machine équipée de huit rotors à entraînement hydraulique avec des pales en plastique, qui secouent le feuillage des pommes de terre. Récemment développé, cet équipement est conçu pour être attelé à l'avant ou à l'arrière d'un tracteur (idéalement à l'avant pour plus d'efficacité, le doryphore se laissant glisser sur le sol quand il est dérangé) et pour travailler sur une largeur de quatre billons de pommes de terre (il existe des modèles pour 8 buttes).
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NomL'Attrape-DoryphoreSourceCopyrightCRA-W©CRA-WCette machine permet d’éliminer 90 % des larves de doryphore, mais son prix n’est pas compatible avec les faibles surfaces implantées en pommes de terre par les maraîchers. Cette machine n'est pas encore fort présent en Belgique, mais se développe en Allemagne, en France et aux Pays-Bas.
Par piégeage
L'objectif est de piéger les adultes qui migrent de la parcelle infestée l'année précédente vers la parcelle de pomme de terre en culture, parcelles contigües entre lesquelles a été creusée une tranchée. Celle-ci est recouverte d'une bâche étanche et d'une fine couche de terre. Ce dispositif empêche le doryphore de s'échapper de la tranchée, une fois tombé, où il meurt de faim ou de noyade si on prévoit un fond d'eau dans la rigole (Berthet, 2024).
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NomRigole pour piégeage (projet Dorypot)SourceFiwap-Info n°184CopyrightFIWAP©FIWAPLe projet DORYPOT (2024-2025), mené par le CARAH, le CRA-W et la FIWAP, a pour objectif de tester et vulgariser deux techniques alternatives de lutte contre le doryphore: le brossage mécanique et le piégeage en bord de champ.
A noter que les techniques de brossage sont à proscrire en cas d'infestation par le mildiou dans les parcelles, au risque de favoriser sa propagation.
Méthodes curatives biologiques
Biopesticides
En France, le réseau Fredon a mené des recherches qui laissent entrevoir des perspectives intéressantes. Tout d'abord, douze substances de biocontrôle ont été testées qui ont fait l’objet d’évaluations au champ. Ces solutions peuvent être regroupées en deux catégories :
- les substances répulsives (soufre, huiles essentielles d’ail ou d’orange, macérations de plantes riches en alcaloïdes ou terpènes) d’une part, et
- les produits composés d’organismes entomopathogènes (deux nématodes – Steinernema carpocapsae et Steinernema feltiae – et deux champignons – Beauveria bassiana et Metarhizium brunneum d’autre part) (Miquet et al., 2025).
Les répulsifs ont montré une efficacité plutôt moyenne. À l’inverse, les entomopathogènes se sont révélés être une piste très prometteuse. Le succès du parasitisme dépend toutefois des conditions durant et après l’application car les nématodes et les champignons entomopathogènes sont très sensibles aux rayonnements UV et à la dessication.
Dans le cadre du projet Alterspino, différentes solutions à pulvériser ont été testées, à base de tanaisie (décoction, extrait alcoolique, purin ou huile essentielle), d'Ail (Allium sativum), de Raifort sauvage (Armoracia rusticana), de Saponaire officinale (Saponaria officinalis), d’Huile Essentielle de Menthe poivrée (Mentha piperita) d’Huile Essentielle d’Origan vulgaire (Origanum vulgare), d’Huile végétale d’Olive. Elles n’ont pas permis aux plantes de se défendre contre les larves de doryphores.
Auxiliaires naturels
Fredon a également identifié des prédateurs naturels du doryphore présents sur le territoire français. Des tests ont été réalisés pour étudier la capacité de prédation des œufs de doryphores. L'espèce asiatique de la coccinelle, Harmonia axyridis est très efficace dans la consommation d'œufs. Des larves au stade L3 de chrysope verte (Chrysoperla carnea) présente une bonne capacité de prédation sur les jeunes larves de doryphore.
Remerciements à Florine Decruyenaere (CRA-W) et Vincent Berthet (FIWAP) pour la relecture de la fiche.