Quels sont les services rendus par le parcours sur la volaille ?

Quels sont les services rendus par le parcours sur la volaille ?

Marie Moerman - Auteur
Bibliographie
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Introduction

Le parcours de volailles est une surface alliant le bien-être des animaux, le confort de l’éleveur et les performances économiques et environnementales des élevages plein air. Cependant, il est souvent perçu comme une obligation réglementaire, une parcelle sous exploitée et dès lors peu utile, non fonctionnelle. Lorsqu’il est insuffisamment exploré par les animaux, ce parcours occasionne des désagréments aux éleveurs (accumulation de déjections à proximité des trappes, prédation, contaminations…) et questionne les consommateurs, surtout dans le cas d’élevages biologiques où le lien au sol et le bien-être animal constituent des piliers importants repris au cahier de charges. Lorsqu’il fait partie intégrante du système d’élevage et que son aménagement est bien réfléchi, les risques potentiels peuvent être maîtrisés et le parcours peut être à l’origine d’une multitude de services à la fois sociétaux, environnementaux et économiques de l’élevage. Il devient un élément indissociable d’un élevage performant. 

Les services rendus pour la volaille

Le parcours, lorsque les volailles explorent toute sa surface, contribue significativement à la durabilité et à la performance de l'élevage, et ce à plusieurs niveaux.

1.1. Alimentation

Le parcours peut être considéré comme une source alimentaire qui vient compléter la ration distribuée.  Il y a une grande variation suivant le type de parcours: plus le couvert herbacé sera diversifié (en espèces herbacées), plus il attirera des insectes, source alimentaire riche en protéines pour les volailles.

Chez le poulet de chair, la quantité ingérée de végétaux varie entre 0,2 et 15,4 gr matière sèche par jour, selon la saison, le type de couvert, sa dégradation et l'équilibre de la ration. L’ingestion de matrices végétales peut atteindre 10% de l’ingéré journalier. 

Pour la poule pondeuse, l’ingestion journalière de sol sec est estimée à 10-30 gr de sol (et peut atteindre jusqu’à 30% de la matière sèche ingérée), 7 gr de végétaux secs, 20 gr d’insectes et lombrics. Il y a une grande variation suivant le type de parcours.

Des études ont démontré que les poules ayant accès à des pâturages de haute qualité ont des œufs contenant au moins deux fois plus de vitamines A et E et d'oméga- 3 que les poules n'ayant pas accès au pâturage. D’autres études font état d'une augmentation des niveaux d'acides gras polyinsaturés dans la viande provenant de poulets de chair élevés au pâturage, ainsi que des niveaux plus élevés de vitamine E et d'autres nutriments.

La qualité du couvert herbacé est à surveiller entre deux lots de volailles. Trop clairsemé, il amène la volaille à ingérer des particules de sol, ce qui peut avoir un effet sur la digestibilité de l’aliment distribué aux animaux et donc sa valorisation.

1.2. Performances techniques

Lorsque la volaille occupe l'ensemble du parcours, elle peut tirer profit de l'ensemble des ressources alimentaires qui lui sont offertes. L'ingestion de graminées ou de fourrages grossiers par les poules pondeuses par exemple peut s'échelonner entre 2 et 57 gr de matière sèche par individu et par jour. L'apport nutritionnel qui en découle dépend à la fois de la saison, de la composition botanique du couvert herbacé et de la quantité ingérée (dépendant de l'âge, du génotype, des conditions d'élevage ...).

Cette ingestion peut ouvrir jusqu'à 70% des besoins des poules sur base des besoins en lysine et méthionine et 25% de leurs besoins en calcium.

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Nom
Poulets sur parcours
Source
CRA-W
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La qualité du couvert herbacé est donc essentielle car elle impactera directement le comportement de prélèvement alimentaire des poules sur le parcours. Dès lors, le choix des espèces herbacées, caractérisée à la fois par une bonne appétence par les volailles et une bonne résistance au grattage/picage, est essentiel pour assurer une bonne fréquentation du parcours. Certains mélanges sont proposés par des semenciers. 

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Nom
Chicorée
Source
CRA-W
Copyright

Un essai a été par le CRA-W dans le cadre d'un Centre régional de Référence et d'Expérimentation (CRE) sur la thématique du parcours. Il a observé l'attrait que joue la chicorée (Cichorium intybus) sur les poules pondeuses et la grande consommation qu'elles en font. Les bandes de chicorée implantées ont également servi de couloir de dispersion des volailles vers des zones plus éloignées du parcours, le port érigé des feuilles donnant une impression de sécurité aux poulets.

1.3. Bien-être animal

L’élevage de volailles « plein air » est perçu comme un mode d’élevage favorable au bien-être animal. En effet, l'accès à l'extérieur offre aux oiseaux, espace, air frais et lumière directe du soleil et leur permet d'exprimer des comportements naturels comme le bain de poussière, le grattage, la recherche de nourriture, la course, le vol …

La fréquentation du parcours diminue le stress en réduisant la densité de population dans les bâtiments et en offrant une aire d’exploration. Plusieurs études indiquent que la fréquentation du parcours par les volailles contribue à diminuer significativement l’occurrence du picage au sein de groupes de volaille ayant accès à un parcours extérieur.

1.4. Santé

Le parcours est un réservoir de microorganismes (parasites, bactéries pathogènes ou virus) apportés par la faune sauvage et les volailles hébergées. Les coccidies sont les principaux parasites de volailles identifiés systématiquement sur les parcours. Les ascaris, capillaires et 
Pour lutter contre le parasitisme, il faut :

  • Opérer un vide sanitaire. Il permet une décontamination importante du sol, mais pas totale. Une rotation des parcs peut alors être intéressante pour un vide sanitaire plus long (en bâtiment fixe, par l’aménagement de trappes des deux côtés du bâtiment) ;
  • Eviter au maximum la formation de flaques et de boue sur le parcours, par l’évacuation des eaux du toit hors du parcours. 
  • Désinfecter les zones à risque (20 mètres devant les trappes, zones de forte accumulation des volailles, …) peut diminuer la pression sanitaire. La désinfection peut se faire avec de la chaux vive (500 kg/1000 m) ou de la soude caustique (50 kg/1000 m) ;
  • Un réensemencement régulier des surfaces les plus fréquentées est à prévoir également, durant le vide sanitaire par exemple. En effet, la qualité du couvert végétal semble influencer le réservoir en parasites. Ainsi, un poulet sur parcours herbacé sera contaminé plus rapidement que lorsque le parcours est arboré. En effet, les hôtes intermédiaires ou de transport de parasites sont plus présents en prairie qu’en parcours arboré. L’optimisation de la gestion du parcours avec notamment un choix de couvert végétal adapté devrait permettre une gestion préventive des aspects sanitaires;
  • L’apport de plantes aromatiques sur le parcours pour lutter naturellement contre le parasitisme des poulets est également étudié.

En amenant les volailles à se répartir sur le parcours, le risque de contamination parasitaire est
réduit. La répartition des volailles sur une plus grande surface les amène à mieux disperser leurs fientes, et à les tenir à distance du poulailler.
Un labour annuel et l’implantation de culture (p.ex. le maïs fournissant un couvert aux volailles) sur le parcours permettrait également de diminuer la pression parasitaire.

 

Références bibliographiques additionnelles: 

Germain, K. et al. (2024). L'élevage de poulets  biologiques: les verrous à lever er les opportunités offertes par cette production. Inrae Productions Animales, Vol. 37 (2), 13 p.

Decruyenaere, V. et al. (2016). Comment aménager le parcours des volailles? Le point sur les plantations et le parcours végétal.